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Instabilité Rotulienne

Instabilité Rotulienne

L'instabilité rotulienne est un dysfonctionnement où la rotule ne glisse pas correctement dans la gorge du fémur, ce qui provoque des douleurs, une sensation de déboîtement, voire des luxations complètes. Elle est souvent due à des facteurs anatomiques comme une gorge fémorale trop plate (dysplasie) ou un mauvais alignement des tendons. Le traitement est d'abord médical et repose principalement sur la kinésithérapie, qui est souvent suffisante. La chirurgie n'est envisagée qu'en cas de luxations à répétition et vise à corriger les anomalies pour stabiliser la rotule. La réussite de la prise en charge, surtout après une opération, dépend de manière cruciale d'une rééducation bien menée.

Qu’est-ce que l’instabilité rotulienne ?

L’instabilité rotulienne désigne un mauvais fonctionnement de l’articulation entre la rotule (patella) et le fémur. Normalement, la rotule glisse de manière fluide dans une « gorge » située à l’extrémité du fémur, appelée la trochlée. Si ce mouvement ne se fait pas correctement, un déséquilibre apparaît, pouvant provoquer des douleurs, une sensation de déboîtement et, à terme, une usure du cartilage.

Quels sont les symptômes ?

Les symptômes varient en fonction de la sévérité de l’instabilité :

  • Douleurs : Situées principalement à l’avant du genou, elles sont souvent plus intenses dans les escaliers, en position assise ou debout prolongée, ou sur un terrain accidenté.
  • Appréhension et pseudo-blocages : Une sensation que le genou « lâche » ou se bloque brièvement, sans qu’il y ait de véritable luxation.
  • Craquements et gonflement : Des bruits articulaires ou un épanchement peuvent survenir.
  • Luxation : Dans les cas les plus sévères, la rotule sort complètement de sa gorge. C’est un épisode de « déboîtement » clair.

Pourquoi la rotule devient-elle instable ? Les causes

L’instabilité est souvent due à une combinaison de facteurs anatomiques, qui peuvent être présents depuis la naissance ou apparaître lors de la croissance.

1. Anomalies Osseuses :

  • Dysplasie de la trochlée : C’est la cause la plus fréquente. La gorge du fémur (trochlée) est trop plate, voire bombée, au lieu d’être creusée. Elle ne peut donc plus retenir efficacement la rotule, qui a tendance à glisser sur le côté.
  • Position anormale de la Tubérosité Tibiale Antérieure (TTA) : La TTA est la petite bosse osseuse à l’avant du tibia où s’insère le tendon rotulien. Si elle est positionnée trop vers l’extérieur, elle tire la rotule en dehors de son axe, favorisant l’instabilité.

2. Anomalies des Tissus Mous (ligaments et muscles) :

  • Lésion du ligament MPFL : Le MPFL (Ligament Fémoro-Patellaire Médial) est un ligament essentiel qui agit comme une « bride » pour empêcher la rotule de sortir vers l’extérieur. S’il est distendu ou rompu, la rotule n’est plus retenue.
  • Rotule trop haute (Patella Alta) : Si le tendon rotulien est trop long, la rotule se positionne trop haut par rapport à la trochlée. Elle n’est plus bien guidée au début de la flexion, ce qui crée une instabilité.
  • Déséquilibre musculaire : Une faiblesse du muscle quadriceps, et en particulier du muscle vaste interne, peut favoriser l’instabilité.

Les différentes formes cliniques

On distingue trois grands tableaux cliniques :

  1. Le syndrome douloureux rotulien : Le patient ressent des douleurs diffuses à l’avant du genou, mais sans jamais avoir l’impression que sa rotule se déboîte. L’examen clinique est souvent peu parlant.
  2. L’instabilité rotulienne potentielle : Les symptômes sont similaires, mais s’y ajoute une réelle sensation d’instabilité ou de dérobement, bien qu’il n’y ait jamais eu de véritable luxation.
  3. L’instabilité rotulienne objective : Le patient a déjà vécu au moins un épisode de luxation vraie de la rotule, souvent lors d’un traumatisme sportif. C’est dans ce cas que les anomalies anatomiques sont les plus marquées.

Le Traitement Médical : La Première Étape Essentielle

Pour la majorité des syndromes douloureux et des instabilités légères, le traitement médical est la solution privilégiée et suffit souvent. La chirurgie n’est que rarement envisagée pour les rotules uniquement douloureuses.

Le traitement médical comprend :

  • La kinésithérapie : C’est le pilier du traitement. Elle vise à rééquilibrer les muscles, étirer les chaînes musculaires trop raides (quadriceps, ischio-jambiers) et renforcer spécifiquement les muscles stabilisateurs de la rotule.

  • L’adaptation des activités : Il faut éviter ou adapter les mouvements qui déclenchent les douleurs, comme les flexions importantes, la nage en brasse ou le vélo avec une selle trop basse.

  • Traitement de la douleur : En cas de luxation aiguë, le traitement inclut la réduction de la luxation, l’immobilisation par une attelle, de la glace et des médicaments anti-douleurs et anti-inflammatoires.

Le Traitement Chirurgical

La chirurgie est principalement réservée aux cas d’instabilité rotulienne objective (luxations à répétition) où le traitement médical n’a pas été suffisant.

Quand opérer ?

Le but de l’opération est de stabiliser la rotule pour éviter de nouvelles luxations, de soulager les douleurs liées à l’instabilité et de ralentir l’usure du cartilage. La décision est prise en fonction de la gêne fonctionnelle du patient et du nombre de luxations. Il n’y a généralement pas d’urgence à opérer après un premier épisode de luxation.

Se préparer à l’intervention

Une bonne préparation est essentielle. Elle inclut :

  • Consultation avec le chirurgien et l’anesthésiste pour bien comprendre les bénéfices et les risques de l’opération.

  • Bilan préopératoire pour rechercher et traiter toute infection potentielle (dentaire, urinaire…).

  • Arrêt du tabac au moins 6 à 8 semaines avant l’intervention pour limiter les risques de complications.

  • Rééducation préopératoire pour préparer les muscles et faciliter la récupération.

Comment se déroule l’opération ?

L’intervention dure en moyenne une heure et se déroule sous anesthésie générale ou locorégionale. Le chirurgien choisit la ou les techniques les plus adaptées pour corriger les anomalies anatomiques spécifiques du patient.
  • Correction des anomalies osseuses :

    • Transposition de la Tubérosité Tibiale Antérieure (TTA) : Le chirurgien sectionne le bloc osseux de la TTA, le déplace vers l’intérieur et/ou vers le bas, puis le refixe avec deux vis. Cela permet de réaligner l’axe de traction du tendon rotulien.Trochléoplastie : Plus rare, cette technique consiste à creuser la trochlée fémorale lorsqu’elle est trop plate pour créer une gorge plus stable pour la rotule.

  • Correction des anomalies des tissus mous :

    • Reconstruction du MPFL : Le chirurgien reconstruit ce ligament en utilisant une greffe (souvent un tendon ischio-jambier prélevé sur le même genou) pour recréer une « bride » interne solide qui stabilise la rotule.

    • Section de l’aileron externe : Ce geste peut être associé pour libérer la rotule si elle est trop attirée vers l’extérieur.

Après l’opération : Hospitalisation et suites L’hospitalisation dure en moyenne 2 à 3 jours, mais une chirurgie en ambulatoire est parfois possible. La douleur est contrôlée par des médicaments adaptés. Une attelle est mise en place pour protéger le genou, et la marche avec des béquilles est autorisée avec un appui complet dès le retour en chambre.

La Rééducation Post-Opératoire :

La Clé du Succès La rééducation est la phase la plus importante pour garantir un bon résultat. Elle débute dès le réveil de l’anesthésie et suit un protocole précis par étapes.

  • Phase 1 (0 à 30 jours) : L’objectif est de protéger le genou (port de l’attelle), de réduire l’œdème et la douleur, et de récupérer progressivement la flexion jusqu’à 90°.

  • Phase 2 (30 à 45 jours) : Sevrage progressif de l’attelle, travail de la cicatrice et renforcement musculaire doux (isométrique).

  • Phase 3 (45 à 90 jours et au-delà) : L’objectif est la récupération complète de la mobilité et de la force, avec une reprise progressive des activités (vélo, puis course à pied).

Quels sont les risques et complications possibles ?

Bien que la chirurgie de l’instabilité rotulienne soit une intervention maîtrisée avec des complications exceptionnelles, le risque zéro n’existe pas. Parmi les complications possibles :

  • Phlébite : Formation d’un caillot de sang dans une veine de la jambe. Un traitement préventif par anticoagulant est systématiquement prescrit.

  • Infection : Complication rare mais grave, prévenue par des mesures d’hygiène strictes avant, pendant et après l’opération.

  • Hématome : Un saignement post-opératoire qui peut nécessiter une évacuation.

  • Raideur articulaire : Une cicatrisation excessive peut limiter la mobilité du genou. La rééducation précoce est essentielle pour l’éviter.

  • Algodystrophie : Syndrome douloureux complexe et long à guérir, mais qui finit par rentrer dans l’ordre.

  • Pseudarthrose de la TTA : Absence de consolidation de l’os après une transposition. C’est une complication rare (<1%) qui peut nécessiter une nouvelle intervention.

Résultats attendus

Les résultats de la chirurgie sont encourageants, avec une stabilisation de la rotule obtenue dans plus de 90 % des cas et une amélioration des douleurs et de la fonction dans plus de 80 % des cas. La récupération complète demande généralement 2 à 3 mois. L’arrêt de travail est en moyenne de 3 mois.

COMBIEN DE TEMPS DOIS-JE UTILISER MES BÉQUILLES ?

Il est conseillé de marcher avec deux béquilles jusqu’à ce que vous ayez récupéré un bon contrôle musculaire et une marche fluide. La plupart des patients abandonnent les béquilles environ 4 semaines après l’opération.

QUAND PUIS-JE PRENDRE UNE DOUCHE ?

Vous pouvez prendre une douche dès la première semaine en protégeant la cicatrice avec un pansement imperméable. Après 3 semaines, la douche sans protection est généralement possible.

PENDANT COMBIEN DE TEMPS MA JAMBE RESTERA-T-ELLE GONFLÉE ?

Le gonflement diminue progressivement au cours des premières semaines. Surélever la jambe et faire régulièrement les exercices de mobilisation aident à le réduire.

COMMENT RECONNAÎTRE UNE INFECTION ?

Les signes d’alerte sont : une rougeur et une chaleur excessives au niveau de la cicatrice, un écoulement de la plaie, une augmentation de la douleur et une fièvre persistante (>38°C). En cas de doute, contactez immédiatement votre médecin ou votre chirurgien.

COMMENT SAVOIR SI JE NE FAIS PAS TROP D’EXERCICES ?

Il est préférable de faire plusieurs séances courtes plutôt qu’une seule longue séance intensive. Si la douleur ou le gonflement augmentent, c’est le signe qu’il faut ralentir le rythme.

DOIT-ON RETIRER LES VIS APRÈS UNE TRANSPOSITION DE LA TTA ?

Une fois l’os bien consolidé, l’ablation du matériel (les vis) peut être envisagée au minimum un an après l’intervention, mais ce n’est pas systématique.